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La Musique Contemporaine s'invite dans les Collèges & Lycées

Commande 2023

Timkat, pour grand ensemble

 

Note d'intention

Il me semble assez stimulant et riche de sens de confronter l’Ensemble intercontemporain, formation emblématique par excellence de la musique de notre temps, avec l’univers archétypal de l’Éthiopie que j’ai eu l’occasion de côtoyer au terme de quatre séjours, de 2016 à 2019.

Confronter deux univers qui semblent aux antipodes, l’extrême modernité et l’archaïsme archétypal, c’est créer une collision, promesse d’une dissonance cognitive qui suscite mon désir de compositeur. Par-delà tout, c’est un imaginaire sonore qui se déploie à l’idée de mettre au service d’un voyage extérieur et intérieur les possibilités des solistes de l’Ensemble intercontemporain dont les combinaisons semblent infinies, à la manière d’un Flaubert qui, dans Salammbô, restitue tout un univers antique à travers le son, et non visuellement. Mais il ne s’agirait en aucun cas d’une simple quête d’exotisme, d’illustration sonore ou des effets folklorisants quelconques.

Plutôt d’un point de départ qui met en présence simultanément deux états du monde, dans l’espoir de produire un sens nouveau, un univers sonore différent.

En Éthiopie, j’ai parcouru aussi bien les grands sites culturel historique (Lalibela, Axoum) que les sites archéologiques reculés (comme Yéha, avec un temple du VIIème siècle avant Jésus-Christ, dédié au dieu lunaire Almouka). À ces occasions, j’ai pu rencontrer plusieurs musiciens traditionnels de rue, ou des däbtärä, chantres professionnels.

En particulier, en janvier 2019 j’ai pu vivre à Bahar Dar, ville au bord du lac Tana, la cérémonie de Timkat, fête principale et universellement célébrée en Éthiopie.

Une vingtaine de brèves vidéos, prises lors de ce séjour, me serviront de trame narrative pour imaginer une fresque imprégnée de phénomènes sonores complexes observés alors, et obtenus à partir de la superposition des événements simples, mais multiples, qui se déroulent sur une très vaste étendue (plusieurs dizaines de kilomètres) et sur une longue durée (trois jours). Ces vidéos correspondent surtout au dernier jour, paroxysme de la fête où toutes les processions dotées chacune d’une identité sonore et visuelle particulière, partant des quatre coins de la ville convergent vers le lieu de rassemblement unique – immense bassin rempli d’eau qui sera déversée sur tous les participants, dans un mouvement cathartique comportant des scènes de grande liesse populaire et des phénomènes de transe. Il y a là comme un procédé de mise en abyme, car la fête de Timkat elle-même comporte la confrontation d’un archaïsme et d’une modernité relatives – la « modernité » du christianisme auquel la fête est officiellement associée, et les couches antérieures des célébrations tribales qui affleurent à chaque pas de la fête, avec l’eau comme symbole de vie. Cette quête d’une permanence, le questionnement de l’identité et du sens à travers le rite, qui sont au cœur de ma démarche de compositeur, me semblent pouvoir intéresser également le public de jeunes lycéens qui seront présents lors du concert du 23 mai 2024, et à qui les SuperPhoniques s’adressent en priorité.


Pour aller plus loin : 

Michel PETROSSIAN - "Timkat, le grand rendez-vous", Le Monde de la Bible, n°235, décembre 2020

Commande de la Maison de la Musique Contemporaine

Date de composition : 2024

Date et lieu de création : Jeudi 23 mai 2024, Maison de la Radio et de la Musique

Durée : 13 minutes

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